C’est l’histoire de deux frères, Sébastien et Arnaud Bonduelle, ingénieurs agronomes, «passionnés du milieu» dans lequel ils vivent. En 2007, ils créent Scyll’agro1, une société qui se développe aux frontières de la chimie et de l’agronomie; un laboratoire qui conjugue savoir-faire industriel avec bricolages de génie pour concevoir et fabriquer des produits biologiques qui luttent contre des insectes nuisibles aux cultures, à l’autre bout du monde.
Cette micro-société est capable de trouver de nouvelles voies de synthèse compétitives par rapport à toutes les voies existantes. Scyll’Agro a en effet développé un procédé plus court, plus propre, moins consommateur d’énergie et moins dangereux; une formulation aujourd’hui appliquée pour lutter contre le charançon du bananier, ravageur de cultures.
Hébergé pendant 4 ans à la pépinière d’entreprises «Eurolacq Entreprises» de Biron, leur laboratoire est aujourd’hui implanté à Orthez. Rencontre avec Sébastien Bonduelle.

Qu’est ce c’est qu’une phéromone ?

La phéromone est un signal chimique émis par un individu qui va provoquer un comportement particulier chez un individu de la même espèce. Dans le cas du charançon du bananier, insecte dévastateur pour les cultures, il s’agit de l’attirer dans des pièges. Pour cela les agriculteurs utilisent un produit de synthèse qui attire les mâles, comme les femelles le feraient, pour les neutraliser. Une grande quantité de ce produit utilisé dans les plantations de bananier est produite à Orthez dans nos ateliers.

Quelles sont, dans votre domaine, les coopérations avec la recherche publique ?

Pour effectuer certaines analyses, nous travaillons régulièrement avec l’IPREM à l’Université de Pau et avec XILOMAT implanté dans les locaux de l’IUT de Mont-de-Marsan.
Nous bénéficions également de toutes les publications scientifiques des chercheurs du public. Que ce soit à l’INRA, au CNRS, au CIRAD ou des écoles de chimie, la recherche publique travaille sur des insectes qui posent des difficultés à l’activité humaine. Ces chercheurs ont de très bonnes compétences sur les phéromones. Et pour trouver le produit qui va agir sur un insecte, il faut très bien connaître cet insecte. En cela nous sommes tributaires de la recherche publique pour développer des solutions efficaces et écologistes.

Pourquoi vous êtes vous implantés à Orthez ?

D’abord parce que j’ai commencé à travailler sur le bassin de Lacq, dans une entreprise qui fabrique des produits phytosanitaires. Ensuite parce que j’ai reçu un très bon accueil dans une pépinière d’entreprises puis une écoute attentive de la part des acteurs économiques du territoire. Enfin parce que la micro-chirurgie phytosanitaire est une activité qui peut se pratiquer n’importe où. Autant que ce soit ici, dans ce Béarn qui offre une si belle qualité de vie !
Vous savez, nous sommes sur un marché de niche qui ne compte qu’une quinzaine de laboratoires dans le monde; et nous sommes le quinzième ! Nous passons de la recherche appliquée à la formulation jusqu’à l’utilisation. Concrètement, nous passons du labo aux champs, d’Orthez à la Guadeloupe !

1 La société Scyll’agro
Elle est composée de deux ingénieurs agronomes et de deux docteurs en chimie. Leurs formations universitaires sont diverses : Institut agricole de Genech (Nord) et poursuite des études en Belgique pour l’un. Institut Supérieur des Techniques d’Outremer (ISTOM) à Cergy-Pontoise pour l’autre. Thèses à Montpellier et Paris 6 pour les docteurs en chimie. Post docs à l’IFP et aux USA.

http://www.scyllagro.com/