Notre territoire voit naitre bien des innovations dans la production de bio-ressources, renouvelables et indispensables pour préserver les ressources de notre planète. Nouvelle venue à Lacq, la jeune entreprise Alpha Chitin (prononcez ki-tin) va produire des composants pharmaceutiques à partir de larves de mouches, de tout petits crustacés appelés krill et de champignons.

Qu’est-ce que la chitine ?

Ici, tout tourne autour de la chitine et de son dérivé raffiné, le chitosane. Alors un point de vocabulaire s’impose ! Élément principal des carapaces d’insectes, de crustacés et de certains champignons, la chitine est une molécule de la famille des sucres. Une fois raffinée et transformée en chitosane, ses propriétés antibactériennes, anti-fongiques et antioxydantes en font des composants 100 % biodégradables et non toxiques, très précieux pour le monde médical en particulier. Traitement des lésions de la peau, chimiothérapie, adjuvant de vaccins, mais aussi cosmétique et agroalimentaire font partie de ses nombreuses applications.

Le commencement d’Alpha Chitin

Il y a dix ans, alors que le sujet n’en était qu’à ses balbutiements, Philippe Crochard s’y intéresse lors d’un séjour en Asie. Après quelques années de recherche, l’entrepreneur spécialiste des nouvelles technologies est rejoint par Jérôme Delay, ingénieur en chimie, afin de travailler sur l’extraction de chitine à partir d’insectes. Ensemble, ils créent Alpha Chitin en 2016.

« La plupart des filières existantes, concentrées en Asie, souffrent d’un problème de qualité et de régularité d’approvisionnement, nous expliquent-ils. Souvent extrait de crevettes destinées aux produits surgelés, ce chitosane ne peut obtenir de grade pharmaceutique. En produisant tout sur place à Lacq, de l’élevage de larves et de la culture de champignons à la création de chitosane, nous pouvons garantir une traçabilité totale et une répétabilité conformes aux exigences élevées de la pharmaceutique. »

Une implantation sur le bassin de Lacq

La start-up souhaitait s’installer en France pour relocaliser et maitriser toute cette chaine de production. Approchée en 2019 par Total Développement Régional, le groupement d’intérêt public Chemparc et la CCLO, elle a choisi de s’implanter à Lacq. « Un territoire à notre image, à la croisée de l’agriculture et de la chimie, qui fournit les services et les céréales dont nous avons besoin. »

Après vérification par les services de l’État de l’absence de nuisance de la future usine, la CCLO a accordé une aide à l’investissement immobilier de 100 000 €. Le projet a également bénéficié d’une aide gouvernementale dans le cadre du plan France Relance.

Dès la fin de l’année, le site commencera à produire chitine et chitosane à partir de son élevage de larves, au moyen de procédés et de machines pionniers dans le monde. Le lancement de l’unité de krill à l’été 2023 (approvisionnée grâce à une pêche durable), puis celui de l’unité de champignons en 2024, devraient permettre à Alpha Chitin d’atteindre son ambition : devenir le premier producteur mondial de chitosane, ici à Lacq.

 

Légende photo : Jérôme Delay, directeur général d'Alpha Chitin, présentant aux élus de la CCLO le futur site de production de chitine à base de larves.