Pierre Nerguararian a été ingénieur sur le bassin de Lacq de 1990 à 1993, avant de diriger Total Exploration Production France de 2004 à 2007. Il préside, depuis 2012, le groupement d’intérêt public Chemparc.
CHEMPARC a été créé en 2003 pour faciliter l’accueil des unités industrielles de chimie fine, ainsi que de toute autre activité contribuant au développement économique du Bassin de Lacq.
Quelle est la force de Lacq aujourd’hui ?
La même que celle d’hier ! Celle qui a permis à ce bassin de se développer jusqu’à devenir aujourd’hui un pôle d’excellence mondialement reconnu dans le domaine de la chimie, du soufre et des matériaux. L’audace de tous ceux qui ont osé le développement, qui ont cru aux solutions, à la maîtrise de l’hydrogène sulfuré et à ceux qui ont donné et pensé à sa redistribution. Il y a ici une force, une conscience des enjeux pour le territoire.
Ma première pensée va aux gens qui l’ont exploité, des opérateurs aux grands dirigeants, sans oublier la population et sa culture des risques. Je leur tire un grand coup de chapeau ! Grâce à eux, la technicité du traitement des gaz riches en soufre est connue dans le monde entier car la technologie a été créée à Lacq. Que ce soit en Chine ou en Russie, les industriels connaissent Lacq ! J’ai rarement vu un site, où tous les intervenants sont réunis dans une même entité : le préfet, la CCI, la Communauté de communes de Lacq, la Communauté d’agglomération de Pau, le Conseil général, la Conseil régional, les industriels, l’université de Pau, les PME, les syndicats, etc. Ces acteurs veulent valoriser le territoire. Toutes orientations politiques confondues, ils ont un objectif commun, clairement mis en avant. En respectant la loi, les dossiers sont toujours menés dans un sens positif. On trouve ici un travail d’équipe, une organisation et un respect des délais. Quand un industriel voit une région réagir aussi rapidement, c’est toujours positif. Jacques Puechal, grand patron de la chimie française avait déclaré lors de son passage dans le Béarn : «Lacq a un futur parce qu’il le veut». On constate ici une réelle volonté de faire vivre le territoire. David Habib a œuvré à ce résultat, appuyé par les deux piliers que sont Total et Arkema. Toray symbolise aujourd’hui l’avenir du bassin. Lacq a un futur ; il a un potentiel énorme avec des emplois industriels à la clé.
Quels sont ses atouts ?
Avec le GRL (Groupement de Recherche de Lacq) et le PERL (Pôle d’Études et de Recherche de Lacq), le bassin détient un pôle d’excellence en termes de recherche et de développement qui a le potentiel d’amener de la nouveauté pour demain et après-demain. Aujourd’hui, en favorisant la formation sur le complexe de Lacq, on voit encore plus loin. La licence professionnelle dispensée depuis la rentrée 2013 à Mourenx témoigne de cette volonté à investir sur le territoire. Nous bénéficions en outre de nombreux atouts logistiques. Avec 10 lignes de transport aérien par jour, des axes autoroutiers, un réseau ferroviaire parfaitement adapté à l’industrie et un port de Bayonne permettant l’expédition des produits par mer, on peut dire que le bassin est bien desservi.
Quel est le rôle de Chemparc dans ce réseau d’acteurs de développement ?
Chemparc met en cohérence l’ensemble afin d’attirer de grands industriels sur le bassin. La force de Chemparc est la mutualisation des moyens et la qualité d’accueil qu’elle propose. Chemparc aide les industriels en proposant des sites pilotes permettant de faciliter le passage de la paillasse au stade de la production industrielle. C’est la vocation de la pépinière Chemstart’up. Une fois lancés, les industriels peuvent trouver sur un même lieu, le site de la SOBEGI, tous les ingrédients nécessaires à leur fonctionnement - eau, gaz, vapeur, électricité, cantine et sécurité. Aujourd’hui, Chemparc a plusieurs projets dont une réflexion à mener quant à l’accueil des conjoints. En effet, si on veut faire venir des talents, on doit être en mesure de les accueillir en famille.
Que faut-il souhaiter à Lacq pour les années à venir ?
De se développer dans la biomasse, de continuer à viser le «0 accident» et de préserver une cohésion d’ensemble entre industriels, État et syndicats. En effet, un travail de fond et un très bon dialogue ont participé à l’attrait de notre territoire. Il nous faudra également faire attention à ce qu’une vision à court terme ne vienne pas cacher une vision à long terme. En ce sens, Toray nous a montré la voie à suivre en misant sur l’avenir avec la fibre de carbone. Une réflexion est également menée sur un produit comme le bois. Sa fibre, la lignine, peut donner lieu à des développements nouveaux.
Contact : GIP CHEMPARC - Bâtiment CHEMSTART'UP - Pôle 2 - RD 817 - 64170 Lacq
Tél : 05 59 05 30 50 - www.chemparc.com
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